Déjeuner en solo... [Lyndsay]

Messages : 6 Date d'inscription : 04/09/2009 Age : 32 Localisation : Miami Beach

Lundi, premier jour de la semaine qui annonçait la couleur... celle-ci lui semblait déjà interminable alors qu'elle démarrait à peine. Sean saisit une frite et la glissa machinalement dans sa bouche. Mâchonnant sans même y réfléchir, un peu comme ces animaux qui ruminent le regard vitreux fixé sur une chose invisible et apparemment mortellement ennuyeuse ! Il avait eu trois heures de cours que l'on pouvait résumer de barbantes, deux heures d'histoire sa matière de prédilection. Il avait toujours été passionné par les faits du passé, pour lui rien de plus fascinant que d'apprendre les vies de ces ancêtres qui ont petit à petit construit le monde actuel. Seulement son intérêt pour ce cours l'obligeait à écouter des tonnes et des tonnes de choses qu'il connaissait déjà. Cela avait été le cas aujourd'hui et il avait fini la tête couchée sur son coude à jouer avec son stylo sous l'œil désespéré mais habitué de son professeur. L'autre heure avait été du français, totalement opposé à l'autre car là il détestait l'exercice et ne s'y prêtait qu'avec contrainte ! Pour lui c'était une langue barbare, impossible de retenir toutes ces règles d'orthographe et de grammaire complètement insensées !

Un autre des bâtonnets de pomme de terre acheva sa vie dans son estomac, il but quelques gorgées de son soda et parcourut la salle des yeux. Ses camarades avaient une heure de libre après le repas et ils avaient donc décidé d'aller manger à l'extérieur du campus le laissant seul car lui devait affronter une heure de rattrapage en mathématiques, une autre de ses bêtes noires. En fait s'il n'y avait eu l'histoire il aurait certainement redoublé plus d'une fois, c'est ce qui le sauvait chaque année. Non pas qu'il soit mauvais, il avait une très bonne mémoire ! Mais quand cela ne l'intéressait pas il ne fournissait aucun effort... aussi il était régulièrement cloîtré en rattrapage. Il devrait penser à copiner avec un intello un de ces jours, cela lui serait utile et lui éviterait de voir ses potes quitter l'école en l'abandonnant à son triste sort.

Trois ou quatre frites plus loin un camarade de cours qu'il avait du mal à supporter, et qui apparemment n'avait pas de compagnie lui non plus, s'avança vers lui. Son plateau bien chargé dans les mains il s'approcha avec un air plein d'espoir, louchant sur la place libre qui faisait face à Sean. Priant pour avoir mal deviné ses intentions, le jeune homme passa une main dans ses cheveux, petit geste réflexe lorsqu'il était un peu angoissé. Bien évidemment il avait vu juste et l'autre, Brian s'il se souvenait bien, lui posa la question fatidique "J'peux m'asseoir avec toi ?" Ennuyé, Sean attendit avant de répondre. Non pas qu'il hésite à l'envoyer balader, son humeur de chien en aurait peut-être été un peu améliorée, mais la salle était bondée et il ne voulait pas créer un scandale devant la majeure partie des étudiants. Il trouva une parade, l'autre le croirait ou non peu lui importait !

- Les places sont prises, j'attends des amis.

Un ton neutre, aucune expression particulière sur son visage. Ni totalement poli et aimable, ni insultant ou manquant de respect, la juste mesure. Sans attendre plus, à peine la phrase achevée l'autre rebroussa chemin sans même répondre. Un gros soupir s'échappa des lèvres du lycéen, vraiment une sale journée... piochant encore dans son assiette il continua à manger espérant que le temps avant qu'il soit obligé d'aller en cours ne s'écoule pas trop vite...

Messages : 6 Date d'inscription : 27/09/2009

Son premier jour débutait mal, car déjà Lyndsey regrettait de ne pas avoir insistée auprès de ses parents pour se trouver un logement à Baltimore. Au moins là-bas, elle avait quelqu’un sur qui compter, quelqu’un qui l’aidait à s’en sortir tous les jours dans la jungle que tous appelaient “université”. Par contre, ici à Miami, la jeune fille était certaine au moins de rester seule : alliant son armure à une tête détestable et renfrognée, personne n’oserait l’approcher à coup sûr...

*Ah... Mitch, si tu étais là pour me comprendre... La vie me semblerait plus agréable en ta compagnie*

Portant son plateau d’une main, sur lequel était disposé un jus de fruits et une salade avec une poignée de frites, elle tenait de l’autre un livre qui lui était cher tant pour la personne qui lui avait offert que pour le thème qu’il étudiait: un de ses sujets favoris, la musique classique. En réalité, ce présent était âgé d’une bonne décennie. Alors qu’à l’époque la fillette ne possédait pas le savoir requis pour sa lecture, il était devenu aujourd’hui la base de tout travail de recherches voué à la musique, semblant depuis quelques années plus compréhensible. Enfin, la brune cultivait tout de même de grosses lacunes sur le sujet, d’où la nécessité de se replonger régulièrement dans le pavé. Slalomant autour des tables sans trouver de places, elle sentit le désespoir l’étreindre directement à la moelle. C’est fou le nombre d’élèves que le self pouvait contenir, rendant ainsi l’atmosphère insoutenable et faisant des places pour déjeuner une marchandise rare. Un garçon d’environ vingt ans à vue d’œil la bouscula vivement, contact qu’elle eut du mal à encaisser sans faire une leçon de respect à l’importun qui ne s’était même pas excusé. A croire que Lyndsey avait tous les torts dans l’histoire, alors qu’il avait fallu une unique minute de rêverie pour se faire directement rentrer dedans. Mordillant sa lèvre inférieure pour contenir sa fureur mêlée à une touche de tristesse, elle fit le tour en se méfiant des gros groupes de personnes qui étaient souvent sources de problèmes. Il n’était pas question pour elle de débuter sa scolarité en liant de mauvais rapports avec les étudiants qui ne l’auraient, sans ça, jamais remarquée.

Une minute plus tard, elle parvint enfin à dénicher une place de libre à une table où se trouvait installé, seul et pensif, un jeune homme aux cheveux châtains. Sortant une portée vierge et un crayon à papier de son sac, qu’elle glissa directement dans le livre pour travailler une fois installée, elle s’approcha tranquillement, tentant de paraître amicale, ce qui muait sa figure rigide en quelque chose d’un peu plus chaleureux. Cependant, elle fit le chemin inverse un instant après avoir pris la décision d’aborder le garçon. Depuis quand Lyndsey était capable d’une exploit pareil? Ce ne sera probablement pas aujourd’hui que la jeune femme briserait cette frontière qu’elle avait elle-même forgé pour se préserver d’une douleur encore trop présente en son sein. Secouant la tête pour se remettre les idées dans le bon sens, elle s’éloigna un peu en quête d’un autre siège disponible... Qu’elle ne parvint malheureusement pas à dénicher. Soit son destin désirait lui forcer la main pour la rendre un peu plus sociable, soit c’était décidément pas son jour de chance. L’un comme l’autre, la demoiselle était contrainte de revenir sur ses pas pour s’adresser à un inconnu qui l’enverrait paître dans d’autres prés, à juste titre de sa part. Ses pas hésitants la traînaient dans le voisinage de la table, au moment où un étudiant s’approcha du quidam pour demander s’il pouvait s’asseoir près de lui. L’autre ne semblait pas enchanté de le voir, ce qui intrigua un peu la virtuose qui se tenait déjà le front en signe d’impuissance.

*Pourquoi, diable, ai-je tant hésité?!?*

Maudissant intérieurement sa faiblesse, Lyndsey ne put voir la suite des évènements et fut étonnée de découvrir que l’étudiant à la sombre chevelure était encore seul, et que le deuxième repartait en direction d’un flot sonore éloigné. Qu’avait-il bien pu lui dire pendant cette minute d’inattention de sa part? Quelle idiote! Comme toujours, elle n’avait pas pris la peine d’écouter au bon moment... Comment s’y prendre, maintenant qu’elle paraissait peu disposée à affronter une confrontation de plus? De toute façon, elle n’avait plus le choix: il était grand temps pour elle de se reposer, vu que sa nuit avait été agitée par des cauchemars furtifs qui lui avait rendu le sommeil difficile. Si elle continuait de tourner en rond, la jeune femme serait bien apte à s’endormir debout et elle ne voulait pas risquer l’affaire. Pour la troisième fois, elle entama la marche vers l’étudiant, toujours aussi incertaine, néanmoins résolue à engager une conversation. Se plantant littéralement devant lui, elle murmura pitoyablement:

-Je peux m’asseoir ici un moment? Je ne reste pas plus d’une vingtaine de minutes et comme je n’ai pas trouvé de place ailleurs... Désolée...

Une seconde, elle fut désemparée par la teinte bleutée magnifique des yeux de son interlocuteur, alors qu’avec patience, elle attendait le verdict final.