Pas de boulot, juste du surf! [Les soeurs Delano?]

Originaire de New York, cela faisait un an que Scott parcourait la ville de Miami. Depuis un an, il apprenait le surf quand les vagues n'étaient pas trop hautes et augmentait la difficulté au fur et à mesure. Aujourd'hui, le vent soufflait un peu, la marée montait beaucoup, et les vagues faisaient quelques mètres de haut. C'était un temps idéal pour surfer. En un an, il avait eu le temps de se perfectionner, et maintenant, il s'agissait d'un véritable surfeur! Avec les quelques économies qu'il avait pu faire avec son travail de barman, il s'était acheté une planche, bien que ce ne soit pas la meilleure du marché.

Avec sa planche sous le bras et une combinaison bon marché, il avançait, pied nu, vers la plage. Une fois arrivé, il se jeta à l'eau et passa une bonne heure à surfer, et à tomber une fois la vague terminée. Quel plaisir d'attendre la vague, de la choisir avec délicatesse, et monter sur sa planche et glisser sur l'eau, puis de se faire happer, de prendre une grande bouffée d'air avant de se laisser tomber dans une eau chaude. Au bout d'une bonne heure et demie de plaisir intense, il remonta vers la plage, un sourire jusqu'aux oreilles. Il alla chercher sa serviette et s'essuya brièvement les cheveux, avant de descendre la fermeture éclair de sa combinaison de moitié, pour retiré les bras et capter les rayons du soleil. Voici une journée comme il les aimait! Il regarda aux alentours, pour voir s'il n'y avait pas de jolies filles... Ah peut-être que... Oh non! Elle venait de se faire rattraper par un prétendu petit ami... Dommage... Il s'assit dans le sable et regarda autour de lui, jusqu'à ce que quelqu'un capte son attention...

Après un repas dans un petit resto chic, Grace et Sue, sa meilleure amie depuis toujours, décidaient de se balader dehors, histoire de faire un peu de lèche-vitrine, et de repérer les p'tits nouveaux des classes sociales. Et les plages privées, et endroit trop luxueux n'étaient pas le genre d'endroits à piocher des nouveaux venus. Mais avant de repérer quoi que ce soit, elles se racontaient toujours les dernières nouvelles, en marchant et en bronzant sous ce soleil parfois bien trop généreux. Durant leurs discussions, aucune d'entre elle ne perdait le sourire, tellement elle étaient enjouées d'apprendre les derniers potins, ou les soirées qui s'organisaient, par qui, où, et pourquoi. Je vous promets, parfois, certaines raisons sont assez hallucinantes. Ce jour là, Grace était vêtue de son bikini, et portait une jupe presque transparente blanche, fluide et légère. Quant à Sue, elle portait aussi son maillot de bain, mais elle, elle avait un mini-short en jean. Et toutes les deux, des tongs, qui ont coûté certainement quelques centaines de dollars la pair. C'est plus évident de marcher avec ça dans le sable, que des talons aiguille, j'vous assure ...

"Tu t'souviens de Greg ? Ben, hier soir, il était bourré à la fête de Cassie, il a tenté de m'embrasser. Ce gros croûton dégueulasse, oooh... Rien que d'y penser, j'en ai des nausées."

"Il a p'tètre le fric, mais pas le charme. Une séance de chirurgie plastique ne lui ferait pas trop de mal, surtout s'il tient à ne pas rester célibataire encore très longtemps. Vraiment nul." répondit Grace, en riant cyniquement.

"Evidemment, j'lui ai fait une claque aussi, et ensuite, il s'est tapé une cuite dans la rue, Jeff m'a raconté. Au fait, ce soir, Christie organise une Bubble Part sur son yacht, tu viendras ? J'crois que Drew est déjà au courant, je lui ai écris tout à l'heure. Mais vu ce qui s'annonce, ça a l'air GENIAL !"

"Parce que je suis invitée ?"

"T'es invitée partout, Grace..."

"Faut qu'on se trouve une tenue adéquate alors..." confie Grace à sa meilleure amie, avec un regard rempli d'étoiles.

Sue fronça légèrement les sourcils, mais souriait toujours.

"Mais plus tard alors. Il fait vraiment trop chaud, et j'veux à tout prix voir les nouvelles têtes, ça pourrait être marrant."

"Tu veux les inviter ?" dit elle en riant aux éclats"Non, mais, imagine la situation, ça promet."

"Histoire de mettre un peu de piment parmi les bulles ..."

Les deux amies rièrent de bon coeur, et se dirigèrent vers la plage public. COmme d'habitude, il y avait un monde fou, encore pire qu'une fourmilière. Elles descendirent l'escalier de pierre blanche, et enfoncèrent leurs pieds dans le sable d'or. Certaines femmes bronzaient désespérement, les gamins faisaient des châteaux de sable, d'autres jouaient au volley, et une majorité masculine tentait de dompter les vagues. Grace enfila ses lunettes de soleil, et regarda de gauche à droit, pour chercher un visage inconnu. Elle mit sa main au dessus de ses yeux en guise de visière, et continuait d'observer. Soudain, un large sourire s'afficha sur son visage. Victime repérée. Riant intérieurement, elle se tourna vers Sue et lui montra la cible, qui était assise par terre, semblant attendre quelque chose. Les deux amies se regardèrent et se comprirent aussitôt. Grace se désigna, et se dirigea vers lui, il se trouvait à une dizaine de mètres. Sue restait là, à observer la scène. Elle s'en mordillait déjà les lèvres. La fameux couple qui s'enlaçait remarqua Grace, et la salua par un sourire et un geste de main, et la jeune répondit de la même façon. Elle se trouvait debout, juste à côté de lui. Elle le fixa à travers ses lunettes, et engagea la conversation.

"Tu surfes depuis longtemps ?"

Elle laissa un moment de silence s'installer brièvement entre eux deux, et reprit parole :

"J't'ai jamais vu dans le coin, ça fait longtemps que tu es à Miami ?"

Scott entendit une voix inconnue lui demander quelque chose. Il leva la tête et ne réussit pas à masquer sa surprise. Elle ne savait pas qui il était, mais il était aisé de reconnaître une fille Delano, Grace d’ailleurs, la plus jeune. Il se demandait pendant un instant si l’eau de la mer ne lui donnait pas des visions, mais il dû se rendre à l’évidence : elle était bien ici. Avant qu’il n’ait eut le temps de lui répondre, elle posa une deuxième question, et il se leva, pour répondre, et cacher le soleil qui l’atteignait elle mais pas lui, en plein dans les yeux :

« Owww ! Grace Delano en personne sur une plage publique ! Enchanté ! Je suis Scott Tyler, le fils de Bill Tyler, connu pour ses multiples gains à la bourse, et ses reventes d’usines en pièces détachées. Enfin il est surtout connu à New York. Moi, ça fait un an que je suis là, et à peu près autant que je surfe. Ce doit être normal que tu ne me connaisses pas, je ne suis pas à l’université, et je suis plus souvent dans l’eau que sur la plage… »

Il préférait mettre en avant les conditions familiales dans lesquelles il avait été élevé avec elle. Pourquoi ? Eh bien, elle était riche, jeune, belle, probablement intelligente, elle avait tout pour plaire et elle venait lui parler à lui, portant une combinaison de seconde main, une planche travaillée par ses soins à ses heures perdues et sur une plage publique. Autant dire qu’ils semblaient ne pas avoir beaucoup de point commun. Il avait déjà mis un an à passer dans le groupe des populaires, en souffrant à chaque nouvelle épreuve, se faisant bizuter comme les autres avant lui. Peut-être qu’en avançant cela, il allait grimper immédiatement dans son estime, mais peut-être voudrait elle savoir pourquoi il n’avait pas accès à la plage privée.

Pendant un instant, il hésita sur la marche à suivre. Certaines femmes de Miami préféraient faire la bise dès la rencontre, certaines serraient simplement la main, d’autres attendaient même un baise-main. Mais il s’agissait d’une Delano, et peut-être n’apprécierait-elle pas d’être mouillée par les cheveux du blondinet. Il décida donc de ne rien faire. Il posa cependant une question :

« Qu’est-ce qui t’amène sur la plage publique ? Ce doit être rare de te voir dans les environs… C’est bondé de personnes qui tentent de se faire bronzer avec une huile bon marché, un peu comme ma combinaison… Je suppose que la plage privée est plus accueillante ! »

Peut-être était-il un peu trop curieux cette fois. Mais bon, il ne pouvait pas tout calculer. Il valait mieux plaire aujourd’hui, mais s’il le faisait à cause d’une stratégie, ce n’était même pas la peine d’aller plus loin. Il regarda aux alentours et remarqua une femme, plus ou moins du même âge que Grace, les regarder tous les deux. Que voulait-elle ? Au vu de ses affaires, il comprit qu’il devait s’agir d’une de ses amies. Il lui offrit un sourire, avant de reporter son regard sur Grace. Un bikini coûteux avec une jupe blanche, presque transparente. Elle était vraiment attirante, physiquement, et devait susciter le regard de pas mal de garçons du coin… Mieux valait ne pas essayer de la courtiser s’il ne voulait pas se mettre tout le monde à dos.

Grace haussa directement un sourcil lorsqu'il lui adressa la parole. Il n'était pas nécessaire de lui poser toutes ces questions idiotes, soit disant "pour faire connaissance", il y répondait tout seul. Il répondait même à ce que Grace n'aurait jamais demandé, plutôt pratique. Vis-à-vis de ce comportement qui voulait faire paraître "copain-copain', la jeune femme rit intérieurement. Elle ne put s'empêcher néanmoins d'esquisser un léger sourire lorsqu'il parlait à ce moment là, mais ne fit aucun commentaire. Elle regarda une nouvelle fois le bord de mer, où il y avait quelques gamins qui s'amusaient à faire des châteaux de sable. Ses yeux détournèrent cette scène pour revenir sur ce dénommé Scott. Elle le regardait de haut en bas, étudiant son physique au moindre détail. Car c'est souvent LE détail qui faisait toute la différence, du moins, c'était le cas pour Grace. Elle en conlut qu'il n'était pas si mal que ça, et que son apparence a certainement beaucoupé joué s'il désirait monter en grade. L'étudiante attendit poliment que Scott finisse tout son baratin pour qu'elle puisse rétorquer :

"Et bien ! C'est pas trop difficile de te faire raconter toute ta vie en un seul trait. Remarque, ça a un petit point positif : ça ne m'oblige pas à poser toujours et encore les mêmes questions. Et pas b'soin non plus de me présenter non, mon Dieu, que la popularité nous en apport bien trop", dit-elle, d'un ton un temps soit peu ironique. "J'ai vaguement entendu parler de ton père... Bill, c'est ça ? Le mien va construire un hôtel sur New York, ils nous avaient évoqué son nom, mais sans plus. C'est peut-être un peu tard pour le dire, mais, bienvenue à Miami..."

Elle marqua un temps de pause, et lui tourna le dos, jetant un coup furtif à Sue, qui pouffait de rire, et attendait que le meilleur arrive. La voyant dans cet état, Grace ne put s'empêcher de sourire elle aussi, et reprit ensuite.

"...Mais faut savoir que la vie est loin d'être rose, même si on le voulait. On prend cette ville pour un Eldorado. Mais il faut avoir les..."

Elle se retourna, face à lui, et lui dit en haussant brièvement un sourcil.

"...moyens nécessaires pour y parvenir."

Scott reprit la parole. Trop curieux, se disait Grace. Il voulait faire connaissance trop vite, ça lui paraissait limite du lèche-botte. De toute façon, qu'il sympathise ou pas, il serait invité à la soirée prévue, c'en était sûr. Et Sue l'avait bien évidemment deviné, car elle savait que si sa meilleure amie s'attardait sur un tel bambin, ce n'était pas pour rien. C'était soi pour l'aider à grimper les échelons, ou bien faire totalement le contraire. Leur popularité leur permettait de jouer un peu avec n'importe quoi (même s'il y a de temps en temps quelques conséquences), elles ne risquaient rien du haut leur perchoir. Et si il y en a une qui s'y met, tout le reste suit, c'est évident. Donc si vous êtes amenés à vous retrouver dans ce genre de situation ... fuyez la ville ^^ ! Suite à cette pensée, Grace lui répondit enfin :

"La plage publique est certainement le meilleur endroit pour rencontrer de nouvelles personnes. Les plages privées, tu vois tes amis, ceux de tous les jours, mais jamais de nouveaux visages. On va dire que ... c'est pour élargir mes relations au sein de Miami. Je connais les plus haut-placés, il faut bien que je m'attaque au reste un jour ou l'autre.

Et c'est vrai que...." Grace dégagea rapidement avec son pied un canette de Coca toute rouillée. "... les conditions sont meilleures sur les Private. Il manque aussi les cocktails -primordials- et les chaises longues, et un peu moins de monde aussi. C'est dingue comme ça envahit vite ici, c'est dingue"

Soudain, elle haussa un sourcil en apercevant un gros lard exposé au soleil, mais la peau du ventre encore plus rouge qu'une tomate. Vives les coups de soleil ! Intérieurement, elle était dégoûtée de voir un gars aussi disgracieux et aussi rouge. Elle ferma les yeux pour revenir sur un physique légèrement plus intéressant.

"Alors, comme ça, tu surfes ? Depuis combien de temps ?"

Finalement, si Scott dévoilait un petit résumer de sa vie, c’était pour se faire connaître, mais également pour ne pas avoir à subir toutes les questions embarrassantes du style interrogatoire. Bien entendu, elle pouvait demander des compléments, mais il trouvait ça plus facile pour engager la conversation… Autant tout dire d’un seul coup plutôt que de poser des questions stupides juste pour avoir une conversation plus ou moins attrayante. Il ne put s’empêcher de sourire lorsqu’elle lui dit que sa popularité était trop grande, sur un ton un tant soit peu ironique. Puis il lui fit un signe de tête pour acquiescer ce qu’elle venait de dire. Si son père lui avait parlé du sien, alors peut-être qu’ils avaient fait affaire ensemble… Après tout, son père à lui était bien connu pour revendre les parcelles détachées des entreprises, mais il pouvait aussi vendre des parcelles de terrain pour les acheteurs surs. Il rétorqua alors :

« J’ai jamais aimé les interrogatoires… Autant en dire le plus possible d’un coup… Ah ouais ? Il t’en a parlé ? Qui sait… Peut-être qu’il lui a acheté la parcelle de terrain… Enfin j’en sais rien, il souhaite me tenir à l’écart de ses ventes… »

Il haussa les épaules, évoquant ainsi une sorte de fatalité de la vie. Scott savait très bien que si son père venait à mourir, il souhaiterait que son fils reprenne l’affaire. D’ailleurs, Scott était bon en maths, la seule matière dans laquelle il excellait… Son père lui avait appris pas mal de choses, mais avait voulu le tenir à distance pour ne pas être la proie de menaces incessantes, mais aussi pour qu’il puisse suivre son propre instinct, et faire à sa façon, pas à la manière Bill. Il regarda alors Grace, qui, elle, lui tournait le dos. Comme il l’avait remarqué, la jeune femme se tenant un peu plus loin était avec elle. Que voulaient-elles alors ? Puis, il l’écouta un instant, et ne put s’empêcher de sourire à sa petite réplique. Touché… Mais souhaitait-elle qu’il réplique lui aussi ? Qu’importe ses attentes… Il n’allait pas se laisser marcher sur les pieds, même s’il n’allait pas non plus rétorquer méchamment.

« Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents millionnaires, voire milliardaires… Même pour ceux qui en ont, comme moi, ça ne veut pas dire que l’on profite de leurs ressources… »

En fait, ses parents avaient décidé de le laisser voler de ses propres ailes, de travailler, afin de lui apprendre « la valeur de l’argent ». Bien entendu, il savait qu’il pouvait compter sur eux au cas où un incident surviendrait mais il n’avait pas eu besoin de le faire. Il repensa soudain au compte qui contenait il ne savait combien de milliers de dollars, voire même des millions, et qui attendait d’être utilisé… Seulement il ne pouvait pas le faire… Ce compte avait été bloqué tant que ses parents étaient vivants et serait bloqué lorsqu’au moins un des deux mourrait. Alors… les parents ou l’argent ? Eh ben, pour l’instant, il vivait très bien comme il était et parvenait même à se faire une réputation dans Miami, bien qu’elle ne soit pas parvenue aux oreilles des plus grands, alors autant ne pas se donner d’envies de meurtre…

Il l’écouta alors donner des raisons de sa venue ici, et expliquer aussi ce qui se passait sur la plage publique. Il la regarda alors droit dans les yeux, avec un léger air de méfiance tout au fond. Pourquoi venait-elle lui parler à lui ? Etait-ce pour le ridiculiser ? Ou pour le faire monter en grade ?

« Et je suppose, que la nouvelle rencontre d’aujourd’hui, c’est moi… Hum… La plage privée a quand même l’air beaucoup plus accueillante… » Puis regardant la canette qu’elle venait de dégager du pied, il pouffa de rire et dit : « Il vaut mieux ne pas trop d’allonger ici… On risquerait de se retrouver avec des marques de canette… Pour ça que je préfère le surf… »

Il ne put s’empêcher de voir son regard détourné, et suivit la direction de celui-ci. Oh ! Vision d’horreur ! Il détourna le regard, bien qu’il soit plus habitué qu’elle à voir ce genre de chose, et vit qu’elle faisait de même. Elle lui posa alors une question à laquelle il avait déjà répondu, mais il choisi de ne rien lui dire et de répondre de nouveau, en apportant d’autres informations :

« Depuis à peu près un an. Le temps d’apprendre la technique et de maîtriser… Le temps aussi de me forger une petite réputation à Miami… »

Autant le préciser : il avait déjà passé les tests… Il espérait que cela compterait pour elle et qu’elle ne lui ferait pas repasser.

Et paf ! Ca y est, Scott s'était planté en beauté. Il espérait se "forger" une réputation grâce à son année de surf. Il avait une très mauvaise vision des choses à Miami, et pourtant, ça fait déjà quelques temps qu'il s'y trouvait. Grace se retenait de rire, et se disait qu'il plaisantait. Ou pas. Peut-être que Scott espérait faire sa petite réputation en disant "J'ai parlé à Grace Delano", mais ça n'allait pas être lui qui allait décider de ce qu'il allait devenir, ni à quel échelon il allait se trouver. Ce sera plutôt ce que Grace en dira à ses amis et son entourage. Cette dernière n'arrivait plus, d'ailleurs, à se retenir pour rire. Elle afficha ses dents, en riant de bon coeur, comme si on venait de lui raconter une bonne blague. Elle hocha ensuite la tête de façon négative, la releva et fixa le jeune homme à travers ses verres de lunettes teintés. Personne ne pouvait savoir ce qui mijotait derrière ce regard bleu et pétillant. Sauf elle-même. Et elle savait que ce bon homme venu du Nord-Est des States allait bien peiner pour grimper et pour qu'on ait un minimum d'estime pour lui. Grace savait qu'elle allait l'inviter, mais que ce ne sera pas forcément très amusant pour lui. M'enfin, elle se dit qu'elle penserait à ça plus tard, mais gardait quand même un certain sourire rien qu'en ayant encore l'idée en tête. Elle reprit alors :

"Mon pauvre, t'es trop optimiste. Si tu crois que c'est si facile d'avoir ta réputation à Miami. Ce n'est pas en draguant des nanas du Nightclub du coin avec seulement 10 dollars l'entrée, que tu vas réussir à graver ton nom sur la roche des Miaman's."

Elle leva ensuite les yeux au ciel, réfléchissant quelques secondes. Une soudaine illumination, et rebaissa cette dernière, en regardant Scott avec une expression sarcastique.

"Pour l'instant, tu n'es qu'une pauvre petite brebis égarée au milieu des loups de Miami, Scott. C'est déjà assez difficile de s'incruster parmi les VIP si t'es pas originaire de la ville, encore pire si on ne te permet pas de toucher une fortune qui t'es pourtant promise. N'espère surtout pas avoir tout trop vite, sinon, tu vas chuter, mais lourdement, et je n'hésiterai pas à contribuer pour ce saut de l'ange pour l'Enfer."

Les vagues étaient bien généreuses ce jour là. Certaines arrivaient même à former de magnifiques tubes. Des jeunes hommes très séduisants osait avec courage et habileté de dompter ces tubes marins, debout sur leur planche de marque. Et, bien évidemment, une troupe de nanas -qui devaient certainement encore être au lycée-, qui les admirait, et les applaudissaient comme des pimbêches une fois une figure réussie. Pathétique, se disait Grace. Il faut dire qu'elle avait déjà vu mieux. Il y avait déjà un champion de surf qui avait loger dans leur hôtel. Elle le trouvait très craquant, mais trop modeste. Quoique, ça aurait pu bien marcher entre eux deux. Mais, au moins, elle avait vu de ses propres yeux, en live, des cascades incroyables, et c'est lui aussi qui lui apprit à faire du surf. Vous me direz que c'est étrange que la fille du patron parle avec la clientèle. Mais pour les deux sœurs Delano, c'était bien courant. Par la suite, le père aussi se liait d'amitié, et ne faisait qu'ajouter des dizaines de clients sur leur chaîne hôtelière.

Grace eut encore une illumination. Après ces pensées, elle laissa un lourd moment de pause, mais rompit le silence entre les deux en disant :

"Bah tiens, montre moi de quoi t'es capable sur les vagues. Voyons voir si ton année d'apprentissage a été fructueuse."

Une chose était certaine : si Scott se cassait la binette, Grace se moquerait, mais incroyablement bien. Sue en ferait certainement de même, ainsi que le couple qu'elle avait salué auparavant. On pouvait dire que ça faisait partie de l'évaluation de Scott, quoique Grace lui avait déjà donné une certaine notre, et qu'elle ne varierait certainement pas trop. Quelques centièmes, si tout se passe bien, et baisserait de quelques dixièmes, s'il se ridiculisait devant tout ce public, y compris le gros plein de soupe rôti. A préciser que le jeune homme n'était pas vraiment tombée sur la bonne personne pour avoir la possibilité de grimper les échelons. Grace, était, de loin, la plus exigeante. Même Drew et Sue étaient moins difficiles qu'elle, mais toutes deux savaient pertinemment que leur meilleure amie/soeur ramenait que des âmes prometteuses au groupe, que les petits nouveaux étaient vraiment uniques et méritants de venir parmi les VIP. Les critères sont peut-être plus fins, et peut-être qu'elle trouvait moins rapidement, mais au moins, c'était des personnes de qualité ! C'était comme ça qu'on raisonnait avec Grace, et c'était ce qu'on pensait d'elle. Si vous cherchez des ennuis avec elle, ce sera sûrement vous qui en morflera le plus, je peux vous l'assurer !

Apparemment, cette charmante demoiselle n’avait pas compris ce qu’il venait de dire. Et d’ailleurs, elle se moquait ouvertement. Peut-être n’avait-il pas placé les bons mots aux bons endroits… Il avait réussi à se faire une réputation dans Miami, parmi les meilleures fréquentations, et en un an, il parvenait tout juste à se faire une place au sein de leur groupe. Ce qui gênait ? La différence. Il était barman tandis que les autres étaient à l’université. Il était obligé de travailler, pendant un moment, pour pouvoir apprendre le sens des responsabilités. C’était comme cela que son père avait appris, et il souhaitait reprendre le même schéma avec son fils. Certes, ce n’était pas ce qui était très bon pour la réputation de son fils à Miami, mais cela lui permettait de voir s’il était capable de se faire une place sans devoir débourser des millions. Et pour le moment, il en avait été capable…

C’est alors qu’il écouta Grace, avec un petit sourire. Que voulait dire ce sourire ? Il voulait tout simplement dire qu’il acceptait la critique : ce n’était pas la première ni la dernière qu’on lui ferait, et après tout, elle était fondée et juste. Il avait appris cela son premier mois à Miami. Il attendit alors qu’elle termine d’expliquer, laissant sa lèvre s’étirer en un sourire, sans pour autant avoir l’air moqueur. Tous les conseils étaient bon à prendre, encore plus s’ils venaient d’une Delano.

« En un an, j’ai eu le temps de passer de multiples tests… J’ai tout réussi, tu pourras d’ailleurs demander à certaines de tes amies… Peut-être reconnais-tu certains de ces prénoms : Sam et Lauren. [Citées dans ton post avec Drew^^]. J’ai pu voir à quel point il était difficile de grimper, et je suppose que ce que j’ai fait pendant un an ne comptera pas pour toi, et que tu vas vouloir te faire ta propre opinion : d’autant que si je me plante monumentalement, tu te feras un plaisir de détruire ce que j’ai déjà mis une année à bâtir, et qui me donne à peine le droit de rester dans un groupe populaire parce que je ne suis pas à l’université. »

Scott était doué de la parole et aimait souvent en profiter. Elle devait déjà l’avoir remarqué. S’il avait voulu continuer et dévoiler sa vie, il aurait très bien pu le faire sans aucune gêne, parce que c’était un grand bavard. Malgré cela, il était assez facile de lui confier des secrets, et de veiller à ce qu’ils soient à l’abri, bien que le meilleur moyen pour un secret de rester secret soit de le garder pour soi. Il fixa ses lunettes de soleil, qui auraient pu faire ressembler à une Mouche à n’importe qui, mais pas à elle. Il poursuivit alors :

« C’est amusant, on m’avait prévenu qu’il ne fallait pas viser trop haut, trop vite. J’avais du mal à comprendre pourquoi au début… Mais bon, je commence à voir : je suppose que l’élite est plus exigeante que le bas de gamme… C’est comme pour une vente aux enchères… le plus riche paie plus. Ah oui euh… Pour cette fortune que l’one me refuse, comme tu dis si bien… Ce ne sera pas pour très longtemps… Mais parents aussi sont exigeants, ils me testent. »

Il ne put s’empêcher de sourire et de lui faire découvrir ses dents, lorsqu’il sortit cette dernière remarque. Après tout, c’était vrai : ils le testaient vraiment. Il ne put s’empêcher de la voir chercher un regard, toujours le même. Voir la jeune femme pouffer de rire ne lui indiquait rien de bon. Alors, elle lui proposa une sorte de défi. Son regard changea du tout au tout. Scott devint sérieux, et prit un air de défi. Il s’approcha un peu plus d’elle et rétorqua :

« D’accord ! Et je suppose que ce test ne fera grimper ton estime, mais ne pourra que la faire descendre… Tu n’as pas quelque chose pour me rendre plus visible ?»

Il devait viser juste, mais il s’en fichait complètement. Il avait toujours surfé pour lui et savait qu’il était plutôt bon, vu qu’il arrivait à reproduire des figures que seuls ceux ayant plusieurs années d’expériences pouvaient faire. Il n’avait pas la meilleure planche du monde, mais savait se débrouiller. Il remit alors sa combinaison, pris sa planche, accrochée à son pied et alla dans la mer. Les vagues étaient vraiment belles, et son entrainement de tout à l’heure lui servirait sûrement. Il s’allongea sur se planche, et se dirigea vers l’horizon, se baissant dès que l’eau allait lui venir dessus.

Une fois là où la barrière de surfeur attendait, il regarda vers la plage et vit Grace regarder. Bien, il fallait bien choisir la vague, prendre le rouleau, et sortir sans tomber. Une énorme vague se forma alors derrière lui, et il ne résista pas à l’envie de la prendre. Il prit un peu d’élan, puis se mit debout, comme il le faisait habituellement. Les jambes fléchies, les bras légèrement écartés, prêts à toucher la vague à n’importe quel moment. La vague se referma, formant un rouleau juste derrière lui. C’était le pied ! Ce n’était pas une vague de dix mètres de haut qui laissait la place à tout le corps, et donc, il avait intérêt d’être plus rapide qu’elle pour ne pas tomber. Il continuait d’avancer, sûr de lui, tellement il s’était entraîné lorsqu’il n’était pas au bar. Lui n’avait aucun devoir, aucune leçon, et pouvait s’entraîner plusieurs heures chaque jour, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige.

Il ressortit sans tomber, les cheveux humides, le sourire jusqu’aux oreilles : il avait réussi. Il était allé jusqu’au bord de la plage, sans tomber, en manquant parfois le déséquilibre mais rien de bien méchant. Il revint, tout mouillé, et dit :

« Je ne suis pas le meilleur surfeur du monde… Et je suppose que tu as ces références… Alors qu’en penses tu ? Médiocre ou potable ? »

Il reprit sa serviette, et s’essuya les cheveux, la nuque le visage, ouvrant de nouveau sa combinaison.

Durant tout ce que disait Scott, la jeune femme haussait un sourcil. Il n'avait pas la langue dans se poche, de un, et de deux, il se permettait déjà de parler un peu trop. Elle trouvait que son niveau de lèche-bottisme était au plus haut degré, et ça l'irritait tout particulièrement. Il espérait s'adresser aux plus hauts de la société ? Et bien, il allait être servi ! Son comportement énervait Grace, ainsi que son arrogance, et le fait qu'il parle beaucoup trop. Scott partait alors faire une démonstration de surf, pensant que ça allait certainement lui sauver un peu sa peau. Si c'était le cas, il voyait faux. L'évaluation était déjà terminé depuis un bout de temps, il n'y avait plus que le verdict à annoncer. Alors que l'autre domptait les vagues sans se soucier que Grace ne l'admirait pas une seconde, cette dernière tendit son bras vers l'avant le poing fermé. Elle pivota ce dernier, et dirigea son pouce vers le bas. Game Over, et Sue l'avait parfaitement compris.

La cadette Delano, prit son portable de son sac, et écrit via SMS le nom du pauvre jeune homme à sa meilleure amie. Celle-ci se chargerait très bien de répandre la nouvelle. Le couple que Grace avait salué tout à l'heure avait aussi vu le verdict, et allait, bien évidemment l'annoncer à tous les Populars de la ville. Il allait morfler, sans qu'il ne s'en rende compte. On dit toujours qu'il ne faut pas abuser de la naïveté des autres, mais là, se disait Grace, il l'avait cherché. Sue reçut le message, et le fit poursuivre, en y ajoutant une photo de lui qu'elle avait pris auparavant. Dieu seul sait le nombre de portables qui ont eu ce message révélateur dans tout Miami. Le couple de tout à l'heure se dirigèrent vers son groupe d'amis, annonçant la petite dernière, comme quoi la "grande" Grace Delano avait un nouveau bouc émissaire pour les Populars, et les Snob. Pas de cadeau pour lui, que de fausse sympathie. Si on l'invitait à une soirée, ce ne serait certainement pas pour qu'il fasse de belles connaissances. Pendant que le message se transmettait de bouche à oreille, et de portable à portable, Grace faisait l'effort de regarder les capacité de Scott, qui ne l'impressionna pas le moins du monde. C'était même limite ennuyeux pour elle, pour vous dire à quel point elle se forçait à rester plantée là.

Quelques minutes plus tard, pendant que Scott revenait sur la plage, Grace tourna la tête en direction de Sue, qui elle, hocha sa tête, signifiant que la nouvelle était bien transmise. La jeune femme souriait, et regardait de nouveau Scott, trempé, demandant si c'était si catastrophique que ça. Elle se mit à rire, et dit en haussant un sourcil :

"Est-ce qu'un jury t'a déjà donné les résultats tout de suite après une épreuve ? J'ai besoin de temps pour avoir un bon verdict mais ... tu t'es pas mal débrouillé. "

Annoncer qu'il allait morfler pour ces prochains n'étaient pas la chose la plus intéressante à faire. Il fallait faire mine de sympathiser, d'avoir envie de le connaître. Mais il faut bien se mettre en tête que c'était juste une façade, que Scott n'arriverait jamais à passer par dessus pour voir ce qu'il sache. Vous allez voir, par la suite, ce sera beaucoup plus distrayant, je vous le promets ! Grace laissa un moment de silence, et fit semblant de réfléchir, jusqu'à annoncer :

" Dis... Ce soir, une amie organise une soirée sur son yacht personnel, ça te dit de venir ? Peut-être que tu trouveras quelques opportunités là-bas. Tenue de soirée exigée."

La jeune femme sourit amicalement, et ajouta :

"Ce soir à 20h, rendez-vous au port, sur le quai VIP, place 43 ! T'auras qu'à me dire que tu me connais, ils te laisseront passer normalement. Ca marche ?"

Quel bonheur de sentir qu'un test est passé et réussi tout de même! Sa performance en surf avait peut-être joué un peu, mais il était certain que cette fois-ci, il avait réussi à plaire dès la première fois. Comme d'habitude, il avait été nerveux, avait beaucoup parlé, mais savait que si on apprenait à le connaître ne serait-ce qu'un petit peu, il était possible de voir que ce défaut devenait de moins en moins présent... Mais bon, apparemment, cela n'avait en rien altéré le jugement de l'Elite de Miami. D'ailleurs, lorsqu'il demanda ses résultats et qu'elle ne voulut rien lui répondre, un sourire s'afficha sur son visage. Elle avait sûrement dû le trouver bon, en se comparant d'ailleurs à un jury de surf, et ne voulait pas lui annoncer car cela lui aurait donné une excessive confiance en lui.

Pour répondre à sa question, il fit mine de réfléchir puis fit un signe négatif de la tête... De toute façon, elle avait raison sur ce point, et mieux valait ne pas la contredire. Puis, il l'écouta avec de grands yeux. Jamais ô grand jamais il n'avait été invité par l'élite de Miami. Bine entendu, il était déjà allé à des soirées, mais là, cela promettait d'être assez amusant. De plus cela allait être un test nouveau à passer, et cela allait pouvoir augmenter davantage sa popularité. Lorsqu'elle dit les mots "tenue de soirée" il pensa aussitôt à un costume que lui avait offert son père. Il était beau, lui allait extrêmement bien car c'était du sur mesure, et on arrivait même à ne plus le reconnaître, tellement personne n'était habitué à le voir vêtu de la sorte. Il dit alors, en tentant de masquer son excitation :

"Très bien, je vais y réfléchir... C'est gentil... Euh... Par contre, je dois te laisser. L'après-midi est déjà bien écoulée, et il faut que je bosse..."

Son sourire s'effaça en pensant à son boulot... Heureusement, étant assez maladroit, son patron refusait de le laisser servir à des fêtes. Le comble du Barman est d'être maladroit, et il n'avait pas de chance, c'était tombé sur lui! Il prit sa serviette, sa planche de surf sous le bras et dit avec un sourire:

"Peut-être à ce soir alors... Merci de me donner une chance!"

Il se retourna alors, tout souriant, et marcha pour retourner vers chez lui, avant d'aller travailler quelques heures.

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